Ma Ptite Librairie

Je viens de découvrir, grâce à la grande lectrice Rosie P., le blog des Lectures de Cachou, qui, outre sa présentation léchée, propose des lectures à déguster sans modération : sélection jeunesse et adulte, et autres délicatesses, je vous le conseille dans vos balades au fil du web...

J’ai beaucoup apprécié Miss Charity, qui est illustré de
manière simple, mais très belle.
Ce livre nous raconte l’histoire d’une petite fille, Charity, de
1875 à 1896, en Angleterre.
Pour ne pas devenir folle, elle élève des lapins
et peint dans le grenier, avec Tabitha, sa bonne, et apprend Shakespeare par
cœur, en attendant le jour où quelque chose lui arrivera…
Ce livre plaira à
ceux qui aiment les histoires agrémentées de superbes illustrations faites à
l’aquarelle et qui finissent de toute façon toujours bien.
En revanche, il
peut déplaire, car à certains moments il manque d’aventures et on peut avoir
l’impression de s’ennuyer par moments.

Pour bons lecteurs qui n'ont pas peur des gros pavés (plus de 500 pages !)

Lu par Rosie P. , 14 ans

Miss Charity / Marie-Aude Murail, Philippe Dumas. L'école des loisirs.

                                       Une amie me dit "Rôôôô, tu lis Jean-Louis Fournier, c'est déprimant". Jean-Louis Fournier, c'est toujours drôle et triste à la fois. Phrases simples, style épuré, pas compliqué, il touche néanmoins au coeur à la fin de l'envoi...

Ici il évoque la femme de sa vie, décédée brutalement en le laissant seul et désespéré. Et malgré tout, on rit, souvent jaune ou souvent noir, et mieux vaut sans doute offrir ce livre-là qu'un "Manuel de survie à l'usage des veufs"...

Veuf / Jean-Louis Fournier. Stock, 15 euros.

                          Plongée sans complexes et sans masques dans la découverte de la sexualité par une adolescente des années 80.

On est à mi-chemin entre Cendrillon (syndrôme du prince charmant), et Baby-doll, avec une touche trash et un franc-parler qui désacralise totalement les premiers émois amoureux, tant mieux !

On peut néanmoins attendre de le voir sortir en poche, et lire, en patientant, le Delphine de Vigan.

Clèves / Marie Darrieussecq. POL, 19 euros.

Lapin, fatigué, rentre chez lui... où squatte un monstre qui répète à qui veut l'entendre (ours, coq, renard), qu'il applatira quiconque voudra la déloger... jusqu'à l'arrivée d'une toute petite, qui rendra à lapin son terrier.

Lecture jubilatoire de ce conte à ritournelle, vraiment efficace et très agréable à lire devant un public ravi, car ici c'est le plus petit qui refuse de se laisser impressionner par les rodomontades d'une chèvre qu'on n'a après tout, jamais vue !

La chèvre biscornue / Christine Kiffer, Ronan Badel. Collection à petits petons, Didier jeunesse. 11 euros.

Et même si comme moi, vous fuyez la rentrée littéraire, ne passez pas à côté de ce livre précieux.

C'est un cadeau qu'elle nous fait, Delphine de Vigan, que de nous dire sa famille douloureuse, sa mère bipolaire, issue d'une fratrie terrassée et d'un couple ambigu.

Est-ce qu'on court toute sa vie après la reconnaissance, l'attention, l'amour de sa mère ? Cette quête s'arrête-t-elle un jour ?

J'en connais plusieurs que la lecture de ce livre pourrait éclairer, aider, qui diraient

" Ah tiens, elle aussi ?"

Famille, fratrie, enfants, parents, jalousie, quête, culpabilité, l'auteur a enquêté, fouillé, interrogé pour enfin comprendre qui, comment, pourquoi était sa mère.

Très beau roman autobiographique, une famille de fous !

Rien ne s'oppose à la nuit / Delphine de Vigan. JC Lattès.

A la librairie MCL, un lecteur passionné de polars discute avec la vendeuse : "Ah mais oui, c'est celui là qui a inspiré Almodovar, il est vraiment Horrible, à ne pas mettre en les mains d'un adolescent, très destabilisant..."

La question suivante c'est "Suis-je capable de lire un roman qui fout la trouille?"

Alors oui je l'ai pris, ce petit roman de 150 pages, léger en main, Thierry Jonquet, valeur sûre.

Il ne m'a pas empêché de dormir, mais je l'ai lu en deux jours, sans avoir vu le film d'Almodo.

Sur la quête d'identité, sur l'identité sexuelle, sur le pouvoir du maître sur l'esclave (et inversement bien sûr), c'est un petit bijou, et je remercie l'auteur à titre posthume de ne pas avoir aligné les ficelles du thriller sanglant. Ici il s'agit de suspens, de vengeance, et c'est rondement mené.

Mygale / Thierry Jonquet. Folio.

Lu par F.B.

Récit objectif de 70 ans d’histoire de la Palestine et d’Israël, basé sur des centaines d’interviews, tant du côté palestinien que du côté israélien, avec, comme fil conducteur qui donne de l’humanité, la vie de Dalia, juive d’origine bulgare arrivée en Palestine en 1948 à l’âge d’un an, et la vie de Bachir, palestinien de 5 ans de plus. Bachir a été expulsé de la maison au citronnier, Dalia s’y est installée… Des mensonges, de la mauvaise foi, des non-dits qui mènent à des malentendus, des rancoeurs, des haines et des violences…

            Dans ce récit, tout est vrai et permet de mieux comprendre la situation du proche-orient, de démêler les tenants et les aboutissants des conflits et des réactions des différents protagonistes… Devant les réactions de Dalia et Bachir, on garde un peu l’espoir d’une solution au conflit : la nature humaine n’est pas complètement pourrie chez tout le monde, et peut s’harmoniser devant les citronniers…        

            Livre éclairant et salutaire !

La maison au citronnier / Sandy Tolan. Flammarion, 23 euros

Comment peut-on être ainsi captivé, harponné par la vie sans beaucoup d’intérêt de gens étrangers n’ayant quoi que ce soit de particulièrement séduisant ?

 C’est dû au talent de l’écrivain, à l’art de raconter, de laisser les êtres en suspens, de construire les incertitudes, les vies bancales, à la fois riches et pauvres, rarement appréciées à leur juste valeur…

En filigrane de ces vies, on distingue un vieux bureau monumental à 19 tiroirs, qui traverse les années et les continents, noir fantôme qui endosse le lourd poids de l’histoire, du vieil historien juif des années 40 au jeune poète chilien des années 70, et qui hante les esprits de sa beauté libre et du mystère qu’on y attache.

            Recherche des racines ancrées dans des objets inattendus, style sobre et riche, grande maîtrise littéraire !

Lu par FB

La grande maison / Nicole Krauss. Editions de l'Olivier, 22 euros.